J'ai eu il y a quelques temps une commande pour une lame à faire dans un manche en corne d'origine Corse.
Il a fallu que je commence par fabriquer un outil afin de récupérer la forme de la courbure du fond de manche. (confection de l'outil ici)
Cela fait, la lame théorique obtenue est totalement hors des clous. il faut modifier.
Après quelques tâtonnements,
J'ai trouvé deux solutions; une forme très "Corse"
Et une plus traditionnelle.
Les deux projets côte à côte.
Le choix est fait on part sur la typée Corse.
Deuxième étape la forge.
ça n'a pas été facile du fait de la température 25°. Heureusement le matin mon enclume est à l'ombre.
Je pars d'une barre de torsion issue d'une voiture. C'est un acier que j'utilise régulièrement et que j'aime bien de plus le diamètre est adapté à la taille de la lame à forger.
La pointe apparaît...
Une fois la forge finie, je fais trois chauffes de détente. C'est à dire que j'amène l'acier à température de forge et je le refroidis dans l'air (en faisant de grands moulinets ce qui doit faire sourire le voisinage...)
Et enfin je laisse refroidir dans la cendre afin que cela se fasse tranquillement. Les molécules dans l'acier ne sont pas traumatisées. Elles ne savent pas se qui les attend.
Troisième étape détourage de lame et émouture
Partant du dessin que j'ai fait je détoure la lame. Je marque dessus la partie qui sera meulée pour l'émouture.
Je vérifie que tout s'ajuste à peu près. Pas de mauvaise surprise sur l'épaisseur de la lame; ça rentre.
Ouvert il y a de l'ajustage à faire pour que la "queue" de lame se pose sur le clou. Mais c'est plus facile d'en enlever que d'en rajouter.
L'émouture est bien avancée. Je vais descendre en grain pour m’approcher du poli final.
Tout va toujours bien l'ajustage s'approche de l'idéal. Je finirai à la main car au backstand j'ai peur d'en enlever trop.
Il faudra que je fasse le guillochage. Mais ça c'est une autre étape.
Quatrième étape le guillochage
Après avoir vérifié que j'étais assez poche du modèle, je vais pouvoir commencer le guillochage. Après ce sera la trempe, et du coup la lame sera trop dure pour être guillochée facilement.
Pour cela il me faut trois choses:
- Un étau sur rotule qui me permet de bouger la lame dans tous les sens sans avoir à l'enlever de l'étau
- Quelques limes.
- Et un bonne dose d'huile de coude.
N'ayant pas de consigne particulière quant au dessin du guillochage, je laisse libre cours à mon imagination et partant d'un type végétal je lui donne un côté un peu sauvage comme peut l'être le maquis Corse.
Première ébauche;
Les prochaines étapes sont:
- Finir, polir le guillochage (c'est déjà fait mais chut!)
- Trouver un axe correspondant à la taille du trou existant dans le manche (ça ne va pas être simple car ce n'est pas très standard) et percer la lame C'est fait mais ça n'a pas été facile. Pour l'axe, mais surtout pour trouver la mèche correspondante...
- Ajuster le tout C'est fait
- Faire la trempe C'est fait. Et ça c'est bien passé. j'ai toujours une petite appréhension à ce moment là. J'ai déjà eu des lames qui ont fendues ou qui se sont voilées. Pour l'instant j'en suis au deuxième revenu, une heure à 180°
-Reprendre l'émouture et le polissage final
- Monter le couteau.
- Expédier le tout
Encore quelques heures de travail en perspective....
ça y est le propriétaire l'a en main. Je peux donc mettre les dernières photos... :)
Voila le guillochage terminé,
Et le couteau monté
Le guillochage après polissage
C'était la première fois que je faisais ce genre de travail : partir d'un manche pour faire un lame. Ce fut plus compliqué que ce que je pensais, mais ce fut vraiment intéressant.
Et le propriétaire a l'air très content du résultat....